ÉPILEPSIE AU LAOS : ENQUÊTE CONNAISSANCES, ATTITUDES ET PRATIQUES EN ZONE RURALE ET PÉRI-URBAINE
Présenté par : Dr Soukhanthone SINGPHOUANGPHET
L’épilepsie est une importante maladie invalidante dans le monde, surtout dans les pays en voie de développement, avec des conséquences socio-économiques majeures en grande partie évitables. Le Laos est un pays tropical où des parasitoses à tropisme cérébral, neurocysticercose et autres, sont rapportées. Faute d’informations et de moyens efficients pour dépister les épileptiques, il n’y a pas encore de stratégie nationale.
Un protocole d’étude a été rédigé et a reçu l’approbation de l’IFMT et de Handicap international Laos (HIL) qui conduit un projet incluant des épileptiques. Il avait 3 grands objectifs :a) étudier les aspects sociaux et la connaissance de l’épilepsie au Laos : b) étudier les connaissances et attitudes des patients atteints d’épilepsie, de leur entourage et de la population générale ; c) mesurer le rejet social
L’enquête s’est déroulée dans 4 districts de la province de Vientiane : Sikhottabong (urbain) , Phonhong, Toulakhom, et Hinheub (ruraux). Il a été dénombré 138 cas suspectés et 128 cas confirmés ; parmi des derniers 95 détectés en 2005 dans l’ensemble des 4 districts, et 33 recensés en 2004 à Hinheub ; la moitié des cas suspectés (61/138) ont été détectés par les équipes de HIL. 26 cas / 95 cas de 2005 (27%) étaient des épilepsies idiopathiques parmi lesquels 9 enfants. Parmi les patients, 26% étaient illettrés, et 95% n’avaient jamais reçu d’anti-épileptiques avant l’intervention de l’IFMT ou de HIL.
On a comparé les connaissances entre deux groupes : 95 patients et 164 personnes de la population générale. Pour la cause de l’épilepsie, 28% des patients pensaient que l’épilepsie était due à une punition pour une mauvais action dans une vie antérieure contre 39% dans la population générale (p=0.04). Moins de patients que de personnes de la population générale pensaient qu’un traumatisme crânien pouvait être à l’origine de l’épilepsie: 35% contre 52% (p=0.01). La consommation de la viande de porc était citée comme cause possible mais seulement par 4% (patients) et 18% (population) (à juste titre puisque la cysticercose qui n’a pas été mentionnée est une étiologie majeure dans le monde) la différence étant significative (p=0.001). Quant à la durée thérapeutique de l’épilepsie, 67% (patients) et 82% (population) pensaient qu’elle devait être longue (p=0.001).
L’épilepsie était considérée comme une maladie mortelle pour respectivement 52 % (patients) et 59% (population générale ). Les premiers étaient 16% et les seconds 20% à dire que les épileptiques ne pouvaient pas participer aux activités du village (p=0.001), de même qu’ils étaient respectivement 56% contre 4% à dire la recherche d’un travail problématique (p=0,001).
L’enquête a prouvé l’importance sociale de l’épilepsie au Laos en terme de handicap , qualité de vie, stigmatisation, et la nécessité d’une meilleure prise en charge et prévention primaire et secondaire.